J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 4 février 2025

Ricochets/ Année 2/ Semaine 5

 


1/ C'est un flottement, comme une barque, qui va des mots que je lis dans certains livres jusque vers moi, puis se pose quelques instants ou se dilue et disparait. Il n'y a rien de net, le flou prend toute son importance et ne jamais être sûre de quelque chose dans ce que l'on a cru comprendre. Toujours un doute recouvre les pensées. C'est comme un dialogue intérieur qui s'est instauré.

2/ Cela procède par rebonds. D'un livre à un autre puis encore à un autre. La lecture appelle une lecture. Et l'on sillonne ainsi, et l'on sinue entre des pages dont on ne savait encore rien la veille et qu'il nous faut à tout prix découvrir. Le rebond nous porte plus loin. Ainsi voguent l'écriture, les pensées; cela ricoche sans fin, cela s'étoile avec les questions qui serpentent comme la lumière.

3/ Son prénom que l'enfant apprend à lire et écrire, c'est le début du livre qu'elle va rédiger  au long de sa vie. Il s'inscrit dans une continuité et, dans le même acte, épèle sa différence par chaque lettre qu'elle reconnait et dont elle trace les contours avec conscience. Se dire et s'écrire. C'est à elle de tracer son chemin au crayon, à la craie, se créer par les mots .

4/ Il semblerait que le jour n'ait pas envie de naître. Il nous faudra affronter cette pénombre, la traverser à l'aide des lampes posées sur les bureaux, et patienter encore dans cette grisaille de janvier. La pluie tombe sans s'arrêter et je m'interroge sur ce que peuvent bien faire les oiseaux par un temps pareil. Les gouttelettes d'eau qui parsèment les branches, avant leur chute, seront de petites lueurs à contempler.

5/ Virginia Woolf, dans son Journal, se confronte aux plumes d'acier qui s'abîment trop vite et qu'il lui faut limer avant de se rabattre sur un stylo Waterman, bien qu'elle s'en méfie et qu'elle refuse à leur reconnaître la faculté de traduire les pensées les plus nobles et les plus profondes. Que penserait-elle du clavier d'ordinateur où cela s'écrit et s'efface à volonté, se dissimile aussi si l'on n'y prend garde.

6/ Chemin faisant au long du jour, avec les rencontres des uns et des autres, des conversations entendues et partagées, d'émissions écoutées par le hasard d'une errance sur la radio et de quelques phrases qui réveillent ou questionnent, par la constance donnée à la lecture et à sa prédominance accordée dans l'emploi du temps, par le vagabondage de pensées qui peut en résulter, noter ce qui a pu bouger en soi.

7/ Dans l'incertitude de la venue d'une possible vision et que s'ouvrent devant soi le flux des flots agités de la mer Rouge, se dire qu'il ne faut jamais songer à renoncer à penser par soi-même. Se nourrir des fragments de lumière offerts en éventail par les nappes d'ombres, comme des ailes qui auraient de la difficulté à se déployer dans ce monde où la réalité chercherait à étouffer des réels.



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