J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 1 août 2008

Arcs




Ce devant quoi on se trouve, brusquement, en débouchant de l'étroit passage qui masque les arcs depuis la clairière, ce sont plutôt les " Vastes portiques" de la " Vie antérieure" de Charles Baudelaire. Et l'on sent bien à son tour qu'on y a, autrefois,"longuement habité"!
Et l'on en a si fort le souffle coupé qu'on en oublie de respirer, comme cela aurait lieu sur le seuil d'une basilique soudain découverte au fond du désert.
C'est bien cela en effet: ce lieu relie au secret universel, en même temps que, fil d'Ariane, il conduit vers la sortie du labyrinthe où stagne l'obscurité fondamentale. Et, de fait, après avoir traversé l'épais rideau de l'ombre forestière, on surgit en pleine lumière, guidé par les rayons qui, après avoir filtré à travers les fûts des résineux, viennent ricocher sur le rocher bandé vers le ciel, explosant au milieu de l'arche en majesté. (.....)
C'est ici l'énigme sans ambiguïté; droit dans le ciel, une question sans mots. On est donc là tout regard, tout ouïe, tout impression et tout sensation; quelque chose s'élève en nous-même; et l'on se demande si ce ne serait pas le monde qui monterait ainsi en nous.

Gil Jouanard "Les arcs de Saint-Pierre" (Editions du Laquet)

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