J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mercredi 20 janvier 2010

remontant les ruisseaux



Je marche du côté occidental et reviens par la forêt, traverse une clairière, entre dans la devèze bosselée, criblée de genêts, de bruyères, de rocs, de bouleaux. Le soleil plonge derrière les cimes, les lointains bleuissent, les ombres soulignent les plis de la terre, le grand hêtre près du mas s'immobilise dans la fraîcheur qui monte du val. J'ai l'impression de m'immerger dans l'harmonie cachée du paysage, dans sa basse continue, une sensation plus violente que la joie, qui me frappe au plexus, proche de la douleur. J'ai plusieurs fois éprouvé cette agréable douleur au creux du ventre... pour un profil entrevu de femme, une succession de parcelles de colza en fleur et de blé vert dans une plaine du Poitou, des herbes prises dans la glace, le surgissement d'un grand cerf, une danse d'insectes, un caillou, un champ d'oliviers...et je dois dire qu'une notable partie de ces sensations intenses et fugitives (leur somme ne constituerait-elle qu'une heure) est liée à la Margeride et à la fréquentation des rivières...

Jean Rodier ;"remontant les ruisseaux sur l'Aubrac et la Margeride" (L'escampette janvier 2010)

Aucun commentaire: