J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 31 mai 2010

Regard 8


J'ai fait un peu de ménage dans le trapèze de la rocaille; j'espère ne pas l'avoir défiguré mais simplement aéré. J'ai ôté les ronces qui serpentaient, entortillées autour du sapin bleu et coincées entre les branches serrées du cyprès: il a fallu tirer avec force pour rompre cette emprise et le cyprès ainsi secoué s'est mis à pleuvoir des petites brindilles sèches avec abondance. De derrière ma fenêtre, je ne les vois pas, mais je les sais là au sol. Tout ce trop plein de soi qui ne sert plus à rien et dont on s'encombre, nous alourdissant au fur et à mesure des ans qui passent. J'ai dégagé aussi les bruyères et près des bambous, j'ai constaté ce que je craignais: l'hiver lourd les a considérablement endommagés mais ils ont résisté et de nouvelles feuilles sereines tiennent le cap. Il reste encore du liseron - mais j'aime tellement ce mot - et des herbes que l'on dit mauvaises un peu plus haut sur le talus. J'ai encore dans la mémoire du regard la touffe de hautes herbes que j'ai sectionnée, et je sens qu'elle me fait défaut ce matin.


la main serrée
sur la ronce
et nommer la douleur

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