J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 27 septembre 2010

Le liseur

                                                ......
Et si maintenant je lève les yeux du livre,
rien ne me surprendra, tout sera grand.
Car le dehors n'est que ce que je vis ici,
dedans comme dehors, il n'y a que l'infini
avec lequel pourtant je me fonds davantage
quand mes regards s'ajustent aux choses,
à la grave simplicité des masses _ 
la terre croît alors jusqu'à se dépasser,
c'est tout le ciel qu'elle semble embrasser,
et la première étoile est l'ultime maison.


Rainer Maria Rilke :extrait de "Le liseur" poème tiré du recueil "Le livre des images"

1 commentaire:

Estourelle a dit…

Ce texte de Rilke fait écho en moi avec un autre texte de Proust que je te livre:

"Quand j'étais tout enfant, le sort d'aucun personnage de l'histoire sainte ne me semblait aussi misérable que celui de Noé, à cause du déluge qui le tint enfermé dans l'arche pendant quarante jours. Plus tard, je fus souvent malade et pendant de longs jours je dus rester aussi dans "l'arche". Je compris alors que jamais Noé ne put si bien voir le monde que de l'arche, malgré qu'elle fût close et qu'il fit nuit sur la terre." Marcel Proust