J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

samedi 13 novembre 2010

Autoroute

Mentalement je me représente le trajet réalisé par une longue ligne verticale ascendante (descendante au retour…) sur laquelle se greffent les paysages qui longent l’autoroute à droite et à gauche. Etudiant une carte routière, je sais bien que ce n’est pas tout à fait ainsi mais je préfère ma représentation mentale erronée … Assise - côté passager, je le précise - je laisse le regard caresser les terres, s’abreuver aux ocres et gris qui les colorent, s’engouffrer dans ces lignes horizontales creusées dans les entrailles d’un sol qui se prépare à l’hiver, contempler l’effeuillage différent des bosquets d’arbres et compter les clochers qui épinent les plaines. Traversant la Bourgogne, j’aperçois sur une colline l’exacte représentation d’une illustration d’un album raconté à maintes reprises à mes anciens élèves, je vois même les moutons et les barrières qui clôturent les champs et je ne serais pas étonnée d’y croiser le roi sur les remparts de son château dominant les terres, qui surveillerait les habitants  dont les femmes aux longues robes balaieraient les restes d’un monde qui n’est plus…Parfois des biches, annoncées par la radio de surveillance de l’autoroute, sont aperçues paissant tranquillement dans un pré, au bord, sans crainte. Ces grandes étendues vertes et brunes qui se déploient , survolées de ballets d’oiseaux, sont émaillées, de temps à autre, de panneaux annonciateurs des sites remarquables qui bordent l’asphalte et invitent à quelques rêves ou échappées: “Pierres dorées”, Tournus, Beaune, Vézelay, Autun, Fontainebleau où nous irons, pour le plaisir simple de traverser - même sous la pluie - une immense forêt d’automne. D’un coup je suis plongée dans une campagne que je ne connais pas, mais malgré tout c’est  un univers familier où je laisserais volontiers quelques heures mes pas errer entre ces feuillus. J’aimerais dresser le cadastre de ces chemins qui sillonnent les bois et m’enfouir dans la rousseur de l’immobilité d’un temps où je suis minuscule. Nous prenons alors des chemins de traverse pour rejoindre Milly-la-Forêt qui n’était pas prévue dans l’itinéraire mais qui colore la fin de parcours avec la visite inattendue de la maison de Jean Cocteau . 

 
Nina Simone chante le blues qui accompagne le retour et lorsque les choeurs orthodoxes prennent le relai, le ciel se charge soudain d’une tendre gravité. Entre les deux , un séjour à Paris comme je les aime.

1 commentaire:

Estourelle a dit…

Humeurs vagabondes
pensées vagabondes
sur des chemins
de vagabondage
même en pleine ville
comme c'est agréable!