J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 21 janvier 2011

Regard 49

Calme et froid dehors, migraine dedans. La lumière grise me convient ainsi que l’immobilité des plantes. Bruyères et bambous inertes, feuillage sans frissons; mais, en forçant le regard, sous l’épais buisson à baies rouges, j’aperçois les ombres glissantes de merles, le bec tendu vers les gourmandises. Ils sont en alerte constante, des chats traversant souvent les lieux…Chacun cherche sa vie. La mienne est de regarder le jour qui vient. Une voiture passe dans la rue, je l'entends à peine. J’attends la mésange bleue. Je reste là pour ne pas me quitter. Et je suis ailleurs aussi. C’est petit ici mais çà tient. Les arbres se resserrent, l’épicéa droit et fort, touche presque le ciel. Les pierres couvertes de mousse tiennent le talus. Nichée entre ces bouts de pas grand’ chose, je suis. Un peu. Une mélodie se tisse, des accords, quelques fausses notes et parfois un écho. De toute façon, les pleins et les déliés n’ont plus cours. Eparpillés, de fins flocons parsèment l’espace. Tout sera recouvert.

2 commentaires:

Marie, Pierre a dit…

ainsi, tu étais là. c'était donc là que tu te tenais, dans cette tristesse de migraine immobile, et dans cet ailleurs que toi seule habites. "C'est petit ici, mais ça tient." grandiose et nécessité. je me retire sur la pointe des pattes.

Michelangelo a dit…

Rester là pour ne pas se quitter, en un lieu où "ça tient", "entre des bouts de pas grands choses".
On ne peut dire, plus simplement, la difficulté et le bonheur d'être, "un peu", l'inéluctabilité du moment où "tout sera recouvert".
Je te salue doucement de la main, en silence.