J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 17 mai 2011

Regard 61

Une année de regards et de mots mêlés entre ce bout de jardin, observé au travers de la vitre, et le devenir de ce que j’étais, tentant de déchiffrer les éclats à puiser dans ce miroir végétal. Rassérénée, souvent je le fus après ces échanges matinaux, lestée de cette manne cachée dans la bandoulière du jour.  Capable de rester dans ce jour et d’enjamber les barricades qui se levaient devant mon pas.  Ce trapèze de bruyères, bambous, primevères et terre caillouteuse , à l’ombre d’arbres nains, ce jardin de poupée en quelque sorte, où chaque matin, j’ai regardé croître mes propres égarements, scruté ces ailleurs,  cueilli des silences de bleu . Dresser un texte comme on redresse la tête et que, le dos bien droit, avec la règle métallique froide qui appuie sur la colonne vertébrale, se dise ce qui est. Verticalité du poème face au cyprès nain gardien des songes et garant des secrets. Dans le désordre d’un matin dernier, le regard se tend, espère, et n’aperçoit que les ronces enlaçant les nids d’ombres, les interstices où tout se terre.

3 commentaires:

Brigetoun a dit…

je regarde le jardin

Estourelle a dit…

La dignité des jours et des mots

Mais leurs échappées belles

aussi

Ange-gabrielle a dit…

J'aime beaucoup cette verticalité du texte, du poème qui rassérénére et met le monde en place.