J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mercredi 28 décembre 2011

Cuisine

                 
Persuadé de cela depuis longtemps : écrire est enraciné profond en vivre, à condition de ne pas réduire vivre à des événements administratifs ou à une histoire des affects. Il y a aussi une vie de lecteur par exemple, ou une vie manuelle, des apprentissages divers… Toute une histoire du corps, des sensations, aussi.
Écrire mobilise tout l’être à un moment précis ; toute la personne s’engouffre dans la langue, et ce n’est pas de l’ordre de la pensée. Le poème travaille dans de la langue-pas-encore-pensée ; c’est bien pour cela qu’in fine il n’est pas non plus réductible à de la pensée. Il est là, dans son mouvement de langue innervée par vivre, et il ne demande ni explication ni commentaire. Il est là, dans la même absurdité d’exister que moi, avec, s’il est bon, la même évidence d’être là.

Antoine Emaz "Cuisine" ( publie.net )

2 commentaires:

Patrick Lucas a dit…

avec des mots

grattés dépouillés
épluchés de leur peau

des égos sociaux si sots

Estourelle a dit…

Travailler les mots comme mitonnés aux petits oignons ! ou rêches comme un bois pas raboté !