Levé à quatre heures et demie. Je quitte la maison à six heures, sous la nuit profonde. La voie express rive droite est déserte et le XVI è arrondissement dort encore. C'est seulement rue, du Ramelagh que je trouve une place libre. Le ciel se décolore à peine, par-dessus les toits. Je vais chercher des cigarettes à la brasserie qui se trouve au bas de la rue Raynouard. Les garçons préparent la journée. Je me dis que c'est une étrange existence que la leur avant de faire réflexion que c'est la mienne qui l'est, recluse et tendue, méditative, inquiète, plus ou moins désespérée, une depuis trente-cinq ans et, avec çà, la seule dont je puisse m'accommoder. Comme un lampadaire éclaire le siège du passager, je m'y installe avec le dossier rigide où je serre, au collège, listes nominales et copies, et c'est sur cette écritoire improvisée, dans l'insuffisante lumière, que je jette six pages de notes sur Faulkner.
Pierre Bergounioux "Carnet de notes 2001-2010 ( Verdier 2012)
Pour d'autres extraits et commentaires voir les éditions Verdier.
Pour d'autres extraits et commentaires voir les éditions Verdier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire