J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 31 juillet 2012

Un arbre de mots

La poésie nous mène vers des parties très profondes de nous-mêmes, nous révélant parfois des choses qu'au moment même nous ne comprenons pas. Au début du poème "L'Archer", écrit en 1950, j'évoque le "peuple muet"; j'ignorais qu'il s'agissait du peuple des mots restés muets en moi et, lorsque je parlais du "poète aveugle", je ne percevais pas ce que serait plus tard, pour moi, Oedipe. La poésie nous fait pénétrer dans une zone où nous devons nous laisser guider par les mots, les mots passés par l'inconscient. C'est le sens profond de cette parole de Mallarmé : " On n'écrit pas avec des idées, on écrit avec des mots". Dans la poésie les mots vous guident. Les intuitions, les pensées, les sentiments, les sensations remontent en nous mais tout ne peut pas passer par les mots, ils sont donc un filtre. Certaines choses passent par eux et, une fois que ces premiers mots sont trouvés, ils vous guident vers ceux qui suivent et modifient parfois vos perceptions.

Henry Bauchau " Un arbre de mots" (entretien avec Indira De Bie avril 2012)

5 commentaires:

mémoire du silence a dit…

Comment fait-il ce cher, très cher Bauchau pour toujours trouver, le mot qui dit avec justesse et amour, se laisser guider par les mots, là est la vérité de la poésie, oui.
Cher Bauchau presque aveugle, lui-même aujourd'hui (je l'aime)

merci

Neo a dit…

Entièrement d'accord
Au début est le verbe...:)
Les mots comme une avalanche se suivent comme un chemin tour à tour chaotiques rugueux comme une griffure parfois doux enveloppants comme une caresse...
Le mot raconte
Le lecteur transcende...

Laura- Solange a dit…

et les mots font écho, s'en vont et... reviennent un peu plus riches de chacun...

natô a dit…

'Il fait beau, la terre, le ciel, tout est revêtu d'une exultante splendeur, d'une plénitude triomphale. -La prairie trépide de crissements, semble vivante d'une reptation infinie, d'un frôlement innombrable. L'air n'est qu'un vaste bourdonnement, ébloui, tout embaumé de la folle senteur des arbres et des regains de fleurs...'
Henry Bauchau, que je viens de découvrir, en lisant "temps du rêve", en marchant...

Estourelle a dit…

Je l'aime aussi !
avec ferveur