J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

dimanche 19 août 2012

Dialogue

Jean-Pierre Siméon: On pourrait dire à ce moment-là que l'exil est la figure d'un manque inconsolable que tout homme porte, et qu'en fait, la poésie a pour origine des conditions de manque. Je pense à une phrase de Guillevic, le poète français, "la poésie est dans ce qui manque".

Mahmoud Darwich: Absolument. Et la complétude n'est que la perception de ce qui manque. Un grand poème, c'est le poème qui a le sentiment qu'il n'est pas achevé. Il y a toujours quelque chose qui n'est pas là. Et l'invention du manque requiert un savoir-faire extrêmement important. Parce que la complétude, l'accomplissement, est presque comme si vous disiez plus qu'il ne faut dire et cela affaiblit le poème, le rend un peu plus fragile. Il faut toujours que la lecture d'un poème laisse au lecteur un sentiment de soif, d'avoir besoin d'encore plus.

Etats provisoires du poème VIII :La demeure et l'exil ( Cheyne Editeur 2008)

5 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Alors, être en manque perpétuel, ce n'est donc pas grave, ni une maladie, c'est bon à lire

Patrick Lucas a dit…

C'est vrai il y a comme une frustration à écrire de la poésie.
Le choix d'une mot semble être définitif, comme un renoncement à plus... et l'apparition presque systématique du manque.

jieffebi a dit…

La poésie : remplir le manque, celui,aujourd'hui de ne pouvoir publier ces images qui m'habitent et que jtrouve ici,maintenant, dans les champs, ceux où du Bouchet,peut être, venait cueillir les mots, à poser à cet endroit précis de ses pages blanches. Pour affronter les manques du langage ? et encore, il lui arrivait souvent de raturer, pour le mot ? pour sa position sur la page ?
De quoi ces sillons, ces andains, ces lignes de coupe me parlent-ils ? de la dernière moisson ? d'un ensemencement proche ? de ruminations à remâcher ? de toiles brossées, griffées par le peintre, de retour à la normale ? De temps immémoriaux affleurant à nos mémoires ? La quête parfois joyeuse, ou douloureuse, nous le dira peut-être !
Merci Laura

Estourelle a dit…

Un poète et son lecteur:deux êtres en manque qui se trouvent et se manquent et recherchent encore... l'espace qui leur correspond, la quête oui la quête toujours à vivre... en chemin toujours...

Laura- Solange a dit…

Toujours en chemin , oui ...et apparemment nous sommes plusieurs à chercher encore et encore...!!!