J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

dimanche 30 septembre 2012

dans la rue un soir d'été gare de lyon où j'étais



 Se bien tenir en ville comme en soi marcher au hasard bras tendus penser à ça

  Il avait fallu prendre un train pour arriver là et traverser la ville à pieds d’ouest en est marcher pour s’y asseoir comme ici chez soi au dos de la terrasse trop proche du bruit des passants et des bus fonçant

  Il avait fallu poser près de soi son sac en sortir un carnet et l’appareil photo (pourquoi être honnête) et attendre que le garçon passe demander ce qu’on voulait boire ou manger peut-être

  Il avait fallu attendre un verre d’abord et pour manger trop tôt alors juste un verre et une fois apporté boire une gorgée et se mettre au travail on était venu pour ça la ville en son for l’observer

 Il avait fallu en faire et en effacer des dizaines


 Il avait fallu retrouver ce stylo à l’encre noire au fond d’une poche intérieure de veste tombé comme un homme dans une ruelle essaie de se faire du monde oublie

Il avait fallu commencer à écrire ce qui là se déroulait devant soi comme si c’était important unique et que le travail en dépendait et de la ville la compréhension
 

 Il avait fallu faire des tablées voisines un monde de transparences s’isoler non en soi mais en elle y trouver place et en ressentir les battements les rythmes les mouvements
 

 Il avait fallu fouiller et ne plus s’attarder au paraître des choses qui étaient trop criardes de banalité remplissant leur existence de cette seule évidence
 

 Il avait fallu des heures pour y parvenir

Emmanuel Delabranche  "dans la rue un soir d'été où j'étais" ( Editions Publie.net)

1 commentaire:

Michelangelo a dit…

Magnifiquement rendues, cette atmosphère étrange, comme un halo, dans laquelle évolue le voyant du quotidien, et les sensations que l'on éprouve quand on aime marcher dans les villes pour en percevoir à travers les individus et les lieux l'être commun.