J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 24 mai 2013

Echappée

C'est une promenade devenue rituelle, avec tous les bienfaits qui s'y rattachent et la densité des souvenirs. Mais le regard, pour peu qu'il soit vigilant, est à chaque fois surpris de se poser ici, sur l'ampleur vive d'un lilas qu'on semblait n'avoir jamais vu, s'immerger là dans des prés où des arbres stupéfaits craignent de finir comme Narcisse à trop contempler les limites d'eux-mêmes.
Entre deux averses, après avoir longé le cimetière où tous deux ils reposent, les paysages se sont dévoilés sur un aperçu des lointains qui soudain s'affirme avec les noms des rondeurs qui dessinent l'horizon jusqu'à découvrir le Mézenc aux balafres blanches qui semblent s'éterniser. Je regarde, je touche l'écorce ici ou là, ramasse quelques mousserons pour l'omelette du soir, m'enivre d'effluves de genêts, écoute tout ce qui pépie, chante ou murmure dans les forêts épaisses. Les souvenirs s'accumulent comme à chaque fois et je les manipule dans une lumineuse obscurité.

Je reviens toujours, le vent aussi est encore là, et la lumière fait son travail: elle éclaire là où je dois regarder.

3 commentaires:

Patrick Lucas a dit…

la balade est superbe
tes mots magnifiques

Laura- Solange a dit…

Merci d'avoir marché avec moi...!!!

Estourelle a dit…

La lumière fait son travail
quel plus bel acte de foi
peut-il y avoir ?