J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 18 octobre 2013

Camus 3

C'est par un continuel effort que je puis créer. Ma tendance est de rouler à l'immobilité.
 Ma pente la plus profonde, la plus sûre, c'est le silence et le geste quotidien. 
Pour échapper au divertissement, à la fascination du machinal, il m'a fallu des 
années d'obstination. Mais je sais que je me tiens debout par cet effort même et 
que si je cessais un seul instant d'y croire je roulerais dans le précipice. 
C'est ainsi que je me tiens hors de la maladie et du renoncement, dressant la tête de
toutes mes forces pour respirer et pour vaincre. C'est ma façon de désespérer et
c'est ma façon d'en guérir. 
 
Albert Camus Carnets  II

1 commentaire:

Estourella a dit…

Comme Camus rejoint bien l'homme dans sa désespérante foi en la vie
celle qui nous tient debout !
nous nous tenons debout avec obstination !