J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

jeudi 19 juin 2014

L'homme imprononçable





Je sais. On n'écrit jamais seul. Quand on croit penser tout seul, par soi-même,  ce sont en réalité les voix anciennes qui nous parlent,  les véritables voix aimées qui nous grandissaient et puis tout en profondeur par le lent Travail d'Amour de leur don qui nous rendent ce que nous sommes et qui nous sommes, qui nous rendent dignes d'existence.  Oui c'est une inflexion tue, un dialogue d'exilés,  un vocabulaire aux mille feuillets blancs d'où soudain les promesses et le bonheur qu'on avait rêvés nous reviennent.  Alors je fais mon travail terrestre, même tout seul, très longtemps.  Je réponds aux voix de ceux que j'aime et je parle avec eux. 

Patrick Laupin "L'homme imprononçable" (Editions La rumeur libre)

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