J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mercredi 8 octobre 2014

C'est


c’est, derrière l’écran sur lequel venir écrire, la fenêtre, la rue en contrebas, le toit du gymnase, une rangée d’immeubles cubiques, d’autres immeubles plus bas dans la trouée où deviner l’avenue toute droite qui prolonge les faubourgs,

 c’est savoir qu’ensuite le fleuve un peu plus bas, s’obstiner à le deviner d’après l’aspect du ciel, comme lorsque s’approcher de l'océan,

c’est se prendre la tête synonyme de réfléchir

c’est le rayon de soleil qui glisse sur le bureau, ombres portées du réveil et des livres, trace de lumière qui remonte au mur,

 c’est regarder un instant, bref suspens,

 c’est, plus tard dans la journée, repenser à la lecture de la veille, variations lumineuses indiquant au narrateur si une éclaircie l’autorisera ou non à rejoindre Gilberte aux Champs-Élysées,

 c’est tâcher de faire un peu de place à la littérature, son questionnement, ne pas se décourager au regard de la place qu’elle tient dans les vies qu’on croise,

 c’est souvent voir les visages se figer dubitatifs devant les textes,

 c’est la façon qu’ont certains de les regarder de biais, ne jamais se placer en face de la page à lire — peut-être dans la crainte de ce qu’elle pourrait leur renvoyer,

 c’est sans doute, plutôt que manque de connaissances ou renoncement à la culture, peur de l'inconnu,



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