J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mercredi 10 juin 2015

Extraction 23

quand cela commence mal avec pluie , vent et train qui ne passe pas le samedi, quand on se retrouve à manger un sandwich assis sur une balançoire dans un petit square près d'un canon qui ne nous protège pas du mauvais sort, quand on ne visitera pas la Giudecca parce que pas le temps avant l'heure de visite de la fondation Cini à San Giorgio Maggiore où on est seuls car mauvais temps et les touristes se calfeutrent mais on aura droit malgré tout à une visite en français écourtée et je peux ajouter deux cloîtres à mon escarcelle il chiostro dei cipressi, et il chiostro palladiano , quand on découvre par la fenêtre le labyrinthe créé en hommage à Borgès , quand on traverse les bibliothèques où je me verrais bien m'asseoir et rester là quelques heures à naviguer sur la barque des arts…quand on regarde un faux tableau de Véronèse reproduit en numérique – le vrai, Napoléon l'a emporté au Louvre - quand on entre dans l'église où est en train d'être installée une tête géante en métal ajouré pour la biennale d'art qui ouvrira dans quelques jours, puis sous un vent glacial et une pluie qui s'intensifie quand on va voir l'exposition de verre finlandais des années 50-60 située derrière l'église, quand les photos se révèlent fades, quand on patiente devant une vidéo où l'on somnole mais il pleut dehors et l'on doit attendre jusqu'à 18h pour le concert des Maftirim à l'intérieur de la fondation Cini, quand on pénètre donc à nouveau dans le premier cloître pour rejoindre une salle magnifique où on écoute une musique qui ne nous est pas coutumière mais nous enveloppe d'une douce langue de consolation, quand on ne peut rester jusqu'au bout, horaire de train oblige, quand le train voulu n'est pas à quai car c'est samedi, quand on s'engouffre dans un bar pour réchauffer nos doigts sur un chocolat chaud, quand cela commence mal cela finit bizarrement 


 Extraction et remodelage de notes du 18 avril

2 commentaires:

Brigetoun a dit…

quand les petites déceptions et la pluie gardent un petit goût vénitien (comme si on y vivait)

estourelle a dit…

Quand le désir nous emporte dans sa grande voile
nous laisse essouffler éreinter essoré dans la spirale
pour arriver au but
mais lequel ?
Dans le rythme effréné
qui nous prend malgré nous
on engrange des joies des émotions
des émerveillements
pour les attentes de demain
devant la fenêtre où seul
le grand ciel vide nous console

alors oui merci pour ces temps égrenés!