J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 6 novembre 2015

La petite lumière

 Sono venuto qui per sparire, in questo borgo abbandonato e deserto di cui sono l’unico abitante”…

Je suis  venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant.
Le soleil vient tout juste de s'effacer derrière la ligne de crête. La lumière s'éteint. En ce moment, je suis assis à quelques mètres de ma petite maison, face à un abrupt végétal. Je regarde le monde sur le point d'être englouti par l'obscurité. Mon corps est immobile sur une chaise en fer dont les pieds s'enfoncent de plus en plus dans le sol, et pourtant, de temps en temps, j'ai le souffle coupé, comme si je chutais assis sur une balançoire aux cordes fixées en quelque endroit infiniment lointain de l'univers.
(....)
Pas un signe de vie humaine.
Excepté, quand l'obscurité se fait encore plus épaisse et que les premières étoiles commencent à paraître, de l'autre côté de cette étroite gorge abrupte, sur une partie plus plane de la ligne de crête, incurvée au milieu des bois comme une selle, chaque nuit, chaque nuit, toujours à la même heure, cette petite lumière qui s'allume soudain.

Antonio Moresco " La petite lumière" ( Editions Verdier 2014)
traduction Laurent Lombard

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