J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 16 août 2016

Enfance III




Le chemin bleu de l'enfance insouciante, avec ses grains de sable comme autant de châteaux de lumière, carrelé de pierres aux trois éclats, bordé de tapis de buissons et de mousses, tapissé de feuillages en plein vol. Marcher là ,  baigné de toute la puissance du soleil.

Le chemin rouge, et dans la gorge le jus des grands éclats de rires mêlé à la douceur sucrée des grains de ces baies avalées à grandes bouches. Au bord les buissons épais où les oiseaux se cachent épiant le va et vient des doigts des enfants à l'affût du fruit le plus prometteur. 

Le chemin gris où, une fois les épis coupés, ne reste que l'affleurement des rochers de granit étreignant les prairies jaunies de trop de gourmandise. Assis sur leur rugosité, il suffit de ricocher du regard pour savoir que ce paysage est bu jusqu'à la lie et que le cœur de l'été ne cogne plus très fort.

Le chemin d'encre noircie d'après l'orage où, dans ses sillons, se devinent des odeurs d'humus qui font chanceler, avant que d'imprimer les lourdes cloches du glas de ce qui fut, s'effile et accélère sa course inéluctable vers le tapis de colchiques négligemment jeté sur l'horloge des jours.
 
 
 
 

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