Le chemin bleu de l'enfance insouciante, avec ses grains de sable comme autant de châteaux de lumière, carrelé de pierres aux trois éclats, bordé de tapis de buissons et de mousses, tapissé de feuillages en plein vol. Marcher là , baigné de toute la puissance du soleil.
Le chemin rouge, et
dans la gorge le jus des grands éclats de rires mêlé à la douceur
sucrée des grains de ces baies avalées à grandes bouches. Au bord
les buissons épais où les oiseaux se cachent épiant le va et vient
des doigts des enfants à l'affût du fruit le plus prometteur.
Le chemin gris où, une
fois les épis coupés, ne reste que l'affleurement des rochers de
granit étreignant les prairies jaunies de trop de gourmandise. Assis
sur leur rugosité, il suffit de ricocher du regard pour savoir que
ce paysage est bu jusqu'à la lie et que le cœur de l'été ne cogne
plus très fort.
Le chemin d'encre
noircie d'après l'orage où, dans ses sillons, se devinent des
odeurs d'humus qui font chanceler, avant que d'imprimer les lourdes
cloches du glas de ce qui fut, s'effile et accélère sa course
inéluctable vers le tapis de colchiques négligemment jeté sur
l'horloge des jours.
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