J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

dimanche 6 novembre 2016

L'ombre s'allonge




Ce qui m’enchantait dans la contemplation des maquettes, comme aussi bien doit être enchanteur de contempler depuis une montgolfière le croissant de la petite ville en se tenant juste au-dessus de la ville de Chenevelle, c’était de voir rendu sensible par le moyen de la réduction d’échelle, comme ici ce serait par celui d’une légère altitude, d’éprouver ce qui dans le désir d’habiter tient au désir de la permanence, au désir d’installer à demeure dans l’espace une poche qui ignore le temps destructeur. Car habiter quelque part, ce n’est pas seulement occuper un logis, habiter c’est être mis en sûreté, séjourner dans ce qui vous ménage, vous permet de prendre la mesure de l’étendue de ce que vous êtes, vient le revêtir d’une forme, c’est ménager ce qui dure, ce qui s’élargit en vous dans la durée par les perspectives qu’ouvre devant soi la stabilité du temps, c’est ainsi vaincre le temps destructeur, s’installer dans la permanence d’une forme.

Jean-Paul Goux " L'ombre s'allonge" ( Actes Sud 2016) 

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