J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

samedi 25 mars 2017

La Ville dont la cape est rouge


Pendant longtemps, Özgür avait cherché un écrivain apte à échanger le monde réel, mais aussi irrationnel, dans lequel elle vivait, contre un monde plus fictif mais en même temps plus proche de la réalité. 
Finalement, elle comprit que la seule personne capable de donner un sens au vide qui l'entourait, c'était elle. Personne d'autre ne pouvait à sa place déchiffrer les énigmes de la vie, ouvrir ses cadenas. Elle avait commencé à écrire le jour où elle avait déterminé sa position de défense contre la violence aveugle de la ville. Elle n'écrivait ni pour elle, ni pour les autres; seulement parce qu'elle y était contrainte. Telle une plaie que l'on gratte, elle arrachait au fur et à mesure la croûte du phénomène Rio et le sang noir craché par un malade atteint d'hémorragie dégoulinait sur ses phrases.

Asli Erdoğan " La Ville dont la cape est rouge" traduit du turc par Esin Soysal-Dauvergne
( Actes Sud) 

 

1 commentaire:

Estourelle a dit…

Merci pour elle !