J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 23 avril 2019

Hodie, incertain


secourir ce qui n'est pas visible*. Croiser à nouveau ces quelques mots au hasard des errances d’écran, s’immobiliser comme la toute première fois, peser le juste poids de ce qui réclame de s’égarer dans l’angle mort du jour et s’immerger dans ce buisson d’ eulalies soudain offert comme une ombre entre le réel et le flou qui s’obstine à envelopper. Une brèche semble s’ouvrir sur ce que l’on ne prend pas le temps de voir dans l’entre-deux où l’on s’est recroquevillé. Dans cet incertain, ses cimes et ses ravins, chercher les indices de cet invisible, s’infiltrer et rêver d’un récit, – ne pas être trop gourmand quand même, un fragment suffira – se tissant entre ces ruines. D’un oeil d’azur, traverser les couloirs d’ombres pour se laver d ‘aube, et même si la langue se tait, boire à cet arôme de silence depuis lequel il faut attendre que la parole s’élance. Excaver de cette veine floue les tavelures des voix de résine qui s’accrochent aux tempes, n’en finissant pas de murmurer ce qu’on ne souhaite plus entendre. Alors, d’une patience d’ange, veiller au bord de la phrase, la main prête à se saisir de ces bribes floues qui naissent d’on ne sait où, chiffonner quelques mots, là dans ce repli, derrière la vitre voir ce qui pourrait tenir. Dans ce verger de résurgences, l’œil rivé à ce qu’il croit voir, entre le sombre et l’incertain, d’un candélabre verdoyant tentant de se marier au diapason bleu, tenir l’éblouissement sur la pointe du crayon.
*Pascal Quignard

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pascal Solange ou Laura Quignard ? JFB