J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

jeudi 28 mai 2020

Face


Elle, dans un devenir muet.
À laisser s’assécher toutes les sensations. À baisser les yeux. À essayer la fuite pour ne pas se perdre. L’incertain commence dès lors qu’il s’agit d’approcher l’intouchable; les mains abandonnées, elle songe à une vague sang.
C’est comme sentir la vie hors de soi, le corps et l’esprit en retrait, et tout autour des odeurs fortes de fleurs en agonie.
Sous ses yeux baissés, l’étendue d’herbe s’articule en minces brins dont elle suit la décomposition à la merci du vent.
Ainsi elle est restée, transparente et vivante. Lentement est venue la folie. L’odeur était de suie et la langue de feu. Les hampes vertes et fines, déchiraient dur l’espace comme des pensées essentielles, dont il ne fallait surtout pas perdre le fil.
C’était un peu apprendre à rechercher ce qui se meut à l’intérieur de soi et n’en finit pas de se faufiler, se fendre et se fondre. Subsister encore dans cet écheveau.
Où tout est vague, obscur, muet.

3 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Quelle écriture, franchement ne serait-il pas temps que tu fasses un cadeau à de nombreux lecteurs ?

mémoire du silence a dit…

Oui, je suis d'accord avec les mots d'Ange-gabrielle. :-)

Estourelle a dit…

la photo est tellement émouvante et tes mots aussi!
j'aimerai partager un grand silence avec toi
et quelques larmes perdues dans le vent...