J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 9 novembre 2020

entre-feuilles


 

Elle, dans l’entre-feuilles de l’automne.

Prête à écarteler les nervures de lumière. Jusqu’au sacrilège. Une traversée des mondes que des parfums déflorent. Les paupières baissées, entre les souvenirs brûlants qui se faufilent et murmurent, elle devient fluide comme la fin d’une douleur.

Le craquement des pas sur les feuilles mortes réveille ce qui semblait dormir, toutes ces voix oubliées, si loin soufflées.

Elle marche dans une étrange léthargie où s’échangent des clins d’œil d’ombres et de lumières, des sourires sans lèvres, des petits riens.

Elle se dit : une manière de s’inscrire dans le temps. Et se laisser surprendre à la marge. Une fragilité où l’essentiel s’épaissit. Au seuil du regard s’imprégner de cet imprévisible , le regarder à mains ouvertes et glisser de vision en vision.

On aborde des rivages dont on n’a pas les mots, on se laisse porter, emporter, dans une limpidité d’abandon, au bout de soi-même. Sans se cogner à ses contours tranchants.

Et quelque chose s’élève en soi.



2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Cet abandon résonne comme une renaissance, une ode à la vie au seuil de la mort

estourelle a dit…

la vie veut la vie
et c'est beau