J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 25 janvier 2021

Dans le sillage de Louise Ackermann

 


 Il y a chez chacun de nous, surtout dans la jeunesse, quelque chose qui chante. La plupart des hommes ne se rendent pas compte de cette musique vague et fugitive ; le poète seul arrête au passage les divins accents. 

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 Il en est de certains points culminants de notre vie comme des hautes montagnes : quelle que soit la distance qui nous en sépare, ils nous paraissent toujours proches. 

                                                                       *

 Nous sommes ingrats envers les penseurs et les artistes qui nous ont précédés. Que serions-nous sans eux ? Ils ont été les anneaux qui nous relient à la chaîne infinie. Comme dans un cerveau individuel une idée en amène une autre, leur œuvre a suscité la nôtre. Nous ne commençons ni n’achevons rien. Il faudrait remonter bien haut dans la pensée humaine pour trouver le point initial. Heureux néanmoins, encore, ceux auxquels il est donné de continuer. 

                                                                      *

  Le sentiment religieux est naturel à l’homme au sein de ce mystère dont il se sent enveloppé ; mais qu’on ne me parle pas des religions. Elles imposent des croyances arrêtées et exclusives, lesquelles ne conviennent nullement à un être qui ne sait rien et ne peut rien affirmer.  

                                                                    *

    Pour écrire l’histoire de sa propre vie, la mémoire ne suffit point, il faut encore l’imagination : j’entends l’imagination du souvenir, non pas celle qui invente, mais celle qui rassemble et ranime. 

                                                                   *

   Il s’en est fallu de bien peu que je ne laissasse ici-bas aucune trace de mon passage. Que la barque s’engloutisse, mais qu’au moins elle laisse derrière elle un sillage !                                                            

 Extraits de "Pensées d'une solitaire" au sein de "Dans le sillage de Louise Ackermann" 

( Publie.net 2020)

2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

"Pour écrire l’histoire de sa propre vie, la mémoire ne suffit point, il faut encore l’imagination : j’entends l’imagination du souvenir, non pas celle qui invente, mais celle qui rassemble et ranime."
Oh ! Comme c'est juste

mémoire du silence a dit…

J'ai lu ce livre il y a peu de temps, en fin d'année 2020. Une aubaine ce livre qui "rend justice" -oserais-je dire- au talent de Louise Ackermann. Cette poétesse oubliée, dont le nom n'est guère mentionné dans les anthologies et encyclopédies. Elle était femme de talent, sincère et modeste, une grande.

Merci.