J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 8 novembre 2021

Viatique /32

Le paysage, ce refuge où se poser et se reprendre d’un même élan. La conversation qui semble se tenir lorsque le regard se laisse happer, remuer, se dissoudre, n’est en rien futile, mais emplie de cette intensité rare qui se ressent parfois avec quelque être d’élection. Une combe, un pré où quelques moutons font taches de lumière, quelques arbres effeuillés dressant leur squelette de branches, une brassée d’épilobes, et le mot paradis sur les lèvres.

Et tout ce qui se dérobe, que l’on laisse se perdre, parce que tout petit ou caché , ou parce que le regard ne s’est pas mis à la mesure de ce dehors. On n’a fait que traverser sans se laisser traverser soi-même par l’infime. Et pourtant, quelque chose, malgré soi, infuse.

Surprendre dans l’immobilité d’un paysage ces étoffes de lumière qui donnent au tableau dressé devant nous toute ces étincelles. Des auréoles blanches dans un pré, et le regard posé, comme celui d'un enfant, alors sur ces moutons. Serait-ce cela les anges : ces faisceaux de lumière délaissés ?

 

1 commentaire:

Estourelle a dit…

"Quelque chose malgré soi infuse"
je ressents bien ça