J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

jeudi 2 décembre 2021

Le fleuve qui voulait écrire

 


 ...et si les blessures, les douleurs, les éreintements de la nature étaient langage… et si les divers dérèglements de la Terre étaient également mots… mots de colère, mots politiques exigeant d’être entendus et institués dans nos formes humaines, dans nos lois… et si les sécheresses que l'on voit là, tous les étés, le long de la Loire, et là-bas, dans les grands feux d'Australie, de Californie, étaient le graphein d'un langage, d'un parlant du monde, nous obligeant à l'écoute, à la traduction…et si les éléments de la nature, fleuves, rivières et montagnes et forêts et océans et glaciers et sols étaient, à force d'exclusion, d'appropriation, d'extraction, de prédation, en voie d'inventer leur grammaire, exigeant leurs représentations... et si cette colère du vivant, de la Terre, forçait à élargir nos enclos humains, à sortir de nos solitudes... et si ce qui nous arrive comme bruits, souffrances et peurs depuis les milieux exigeaient de fonder d'autres formes d'assemblées?

Les auditions du parlement Loire mises en récit par Camille de Toledo ( Manuella éditions août 2021)

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