J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

samedi 13 août 2022

Nevermore

 


La traduction est une science inexacte, une tentative, toujours, non vouée à l’échec mais à l’imperfection. D’une langue à l’autre, la barque du passeur se heurte à des obstacles, qu’elle affronte ou contourne, des vagues ou une simple houle, des courants contraires ou porteurs. C’est une traversée avec un point de départ et un point d’arrivée mais de l’un à l’autre, une seule personne connaît le voyage et ses écueils, celle qui en a parcouru toutes les étape. (p 11)

 Tout demeure sous une forme ou sous une autre et le pays disparu vivait en fantôme dans celui qui s’était recréé. Comme ceux et celles qui avaient disparu avaient déposé quelque chose d’eux en moi qui désormais, non m’appartenait mais faisait partie de moi, en même temps qu’ils flottaient quelque part entre la terre et l’eau donnant vaguement forme à des espérances ou à des chagrins.  ( p 66)

La nuit je m’endormais tard, attendant quelque chose, une vision, sa venue. L’attente est un état dont on ne sort pas facilement, qui s’empare de tout l’être – corps et esprit – et ne cède rien. J’apprenais à vivre avec le désir d’une vision comme tous ceux qui pleurent en secret, comme les âmes silencieuses qui regrettent. Mais aucune visite pour emplir les nuits d’éveil. Time passes seul me faisait signe – le rayon du phare tournait, éclairant ça et là des zones ignorées. ( p 163)

Cécile Wajsbrot "Nevermore" ( Le Bruit du temps 2021)

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