J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 8 octobre 2024

Ricochets/ 40

 


1/ Après les soucis matériels ou mentaux qui ont envahi l'esprit jusqu'aux nerfs, voilà revenu un temps digne d'un ciel bleu. Les pensées apaisées reprennent leur cours normal, et le chemin à parcourir pour le reste du jour redevient paisible. L'ombre des idées noires flotte légèrement jusqu'à s'amenuiser. Peut-être arriverai-je à l'oublier? Mais se demander comment faire pour rester impassible et ne pas se mettre la rate au court-bouillon pour rien...

2/ Entrer dans un nouveau cycle, rencontrer de nouvelles personnes, cela signifie de reléguer la mélodie plutôt mélancolique qui se joue entre mes tempes dans un coin de l'esprit. Se tenir prête pour un envol et découvrir les petites lumières que chacun voudra bien laisser étinceler dans cette grisaille de cendres qui recouvre peu à peu le monde. Un lieu, tout paisible qu'il soit, suffirait-il à apaiser ceux qui accostent là...

3/ Ce qui co-existe, se glisse dans les interstices d'une rencontre, se déplace, induit des paroles, crée une pensée qui ne se savait pas vouloir s'insinuer dans ces arcanes improbables. Ce qui bouge et fait bouger, ce qui redonne force dans un souffle nouveau, comme si plusieurs voix dans une voix se mettaient en mouvement. Une co-errance se fabrique dans le buisson de mots où se tirent pour chacun des fils.

4/ Face à l'océan de ce ciel, où s'engloutit le regard, voguent les pensées, aussi dures que l'acier, comme des lances qui traversent, puis qui s'apaisent car ainsi va la vie. Nuages et rayons de soleil alternent en écho. Mais qui est vraiment l'écho de l'autre? Un vol d'oiseaux trop éloignés dans les hauteurs pour savoir de qui il s'agit comme une écriture dans les cieux pour signifier un adieu peut-être.

5/ Il me semble être sous une étendue d'ombres, comme errant dans un rêve dont on ne peut sortir. On ne peut que somnoler entre ces draps sombres. On sent qu'un automne de grisaille est déjà bien installé et qu'il va falloir trouver en soi les ressources nécessaires pour traverser les jours. Faire trace malgré tout dans la trémie du temps et rêver d'une lande de lumière où pouvoir courir encore.

6/ Ce matin le silence du dehors où se terrent les solitudes. Les feuilles au sol recouvrent les histoires d'avant, ce qui n'a plus droit à la parole. On voudrait bien avoir recours aux esprits de l'air pour converser avec eux et qu'ils viennent réveiller les endormis. On espère ce flux léger se déposer sur les branches basses et un léger frémissement agiter les pensées assombries, remuer le bout des doigts.

7/ Consigner à l'encre noire de l'ordinateur le temps qui ne peut que passer, sans pouvoir l'arrêter: on écrit le ciel, le souffle qui caresse les arbres, la lumière ou son absence, les souvenirs qui toquent aux portes de l'esprit, les questions, parfois même les réponses, et tout ce qui fait qu'il est bon de laisser trace pour signifier être vivant, ou avoir l'illusion d'être en vie, étincelles des jours enfuis.





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