J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 18 novembre 2024

Ricochets/ 46

 


1/ Les pensées qui suffisent pour tenir le jour. Des bribes de mots où se relier, des pages de livres qui s'ouvrent à la page nécessaire et qui, de leur lecture, aèrent le front. Le jour peut recommencer au-delà des grisailles dont il se pare. Le ciel gardera son opacité, mais le souffle des mots, telle une flèche, saura transpercer sa peau. Ce sera mon réel pour les heures à venir.

2/ Un pas qui se répète pour avancer dans l'ombre. La lumière restera derrière. À l'aube de ce jour les premiers tressautements de ce qu'on pourrait nommer l'hiver. Quelles traces suivre pour ne pas perdre espoir, à quel tronc d'arbre s'adosser pour ne pas perdre l'équilibre, vers quel horizon ajuster sa vision quand rien ne se distingue plus sur le chemin... Se tenir en suspens entre les parois qui se profilent.

3/ Les images que nous capturons d'un clic sur le téléphone ou l'appareil photos et que nous conservons ne sont que des caresses sur une peau, avant la mue du temps. Les images rassemblées sur des fichiers dans nos ordinateurs sont les tessons de chairs, des bribes de caresses subtilisées au hasard des vents. Entre la matérialité des images regardées et des mots qui se forment alors, le souffle du temps enfui.

4/ Tout est incertain dans ce qui entoure.L'écriture du monde qui voudrait bien tourner encore laisse sans voix. Chaque matin une page du calendrier se tourne lourde des éclats qui s'effondrent au sol dans une sorte d'indifférence. On voudrait bien retrouver des yeux d'enfant avide de découvrir les choses nouvelles qui l'attendent, le désir d'apprendre encore et encore, et faire un dessin aux couleurs chatoyantes, en fredonnant une ritournelle, visage illuminé.

5/ Il m'arrive parfois de relire d'anciens fragments dont je n'ai pas le souvenir de les avoir écrits. Je ne sais plus d'où provient leur naissance, ni le réel qu'ils tentent d'évoquer. Comme lorsqu'on déambule dans un cimetière bien connu, des noms ressurgissent et il faut quelques secondes avant de retrouver les visages qui leur correspondent. Penser que ces fragments pourraient peut-être reprendre vie ou en susciter d'autres en des ricochets.

6/ D'un pas paisible, c'est ainsi que désormais on marche. Le rythme s'est ralenti sur le chemin qui s'enroule sur lui-même. On prend le temps des murmures qui s'élèvent, et des échos qui répondent aux premières lueurs du soir. Ce qui colle à la mémoire brûle encore un peu. On reconnait le seuil où entrer, on ouvre la porte, la lumière se répand, encore vive, on frôle les confins d'un infini.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Surtout le 3, mais écriture et lecture et nature et rature tous ces tures et sans doute d'autres qui nous permettront d'aller au bout