1/ Se laisser traverser de souvenirs d'enfance en cette période d'avant Noël, en avoir perdu certains, le temps ayant fait son travail méthodique d'usure, mais en conserver d'autres dans des écrins. On voudrait bien se lover dans un petit écrin dans les souvenirs de nos enfants et petits-enfants, pour que quelque chose subsiste de nous. Mais à chacun la forge de son enfance, où crépite le feu de ce qui fut.
2/ Le nerf du jour sur lequel appuyer et laisser monter en soi l'énergie de joie. Il faut parfois forcer la pensée à prendre une direction et tenter de tenir, tête haute, face au monde dont on ne comprend plus grand chose. Affirmer qu'il y a de la beauté dans ce jour, que nous sommes privilégiés et qu'il faut profiter de ces instants ensemble tout simplement. Ouvrir les mains: un paradis.
3/ De l'ocre rouge se glisserait dans ce qui s'écrit, avec des ailes agrafées aux lettres. Tout s'envolerait et des traces rouges se diffuseraient entre les nuages. Et l'on passerait des heures à contempler ces riens, à tenter de s'évader entre les parenthèses mouvantes des nuées. Puis tout disparaîtrait, les mots s'effaceraient, et l'on prendrait à nouveau ses distances, on irait se ressourcer ailleurs, on trouverait bien autre chose à faire.
4/ Est-ce qu'il reste encore à écrire? Se dire que l'on vit dans le domaine d'un possible, que l'on circule d'une pièce à l'autre dans cette maison, et que certaines fenêtres sont aveugles, que la lumière s'absente. Il y a des moments de suspension où rien ne monte en surface. Comme une absence. Alors lire, toujours et encore, car il n'y a que par les livres que naît une forme d'apaisement.
5/ Entre les failles qui, on le sait depuis bien longtemps, se seront pas recouvertes, on sinue dans cette guimauve qu'est parfois la vie. Le pied se pose sur le sol d'un possible, la tête se redresse vers les voûtes d'un ciel, les doigts grattent encore quelque surface de terre. Et on continue d'inventer un réel dont un soleil timide hale les confins. On ne peut que souhaiter l'intensité d'un crépuscule.
6/ Chaque matin, alors que je me place face à l'écran d'ordinateur, je n'ai aucune idée de ce qui va s'écrire. Devant le clavier, les lettres semblent emplies de silence et il y a toujours un moment de doute, un instant de perplexité, à me demander ce que je fais là. Mais une autre question se fait jour alors: que faire d'autre? Il reste encore à cueillir ce qui se doit.
7/ Comme un matin de pastel. Vert et gris. Seul le café et son amertume plus fortes que d'autres jours. Rhume et toux en tout le corps. Et le silence des choses perdues. Un champ de silences gris. Aux aguets d'un mouvement, d'un son, d'une pensée porteuse de paix. La vibration d'un diapason. Un la sur une corde de violoncelle effleurée en un instant. Comme le don d'une mélodie possible à jouer.
1 commentaire:
merci pour cette beauté
Enregistrer un commentaire