1/ Et si l'on faisait comme avant? S'envoler pour le pays imaginaire de l'enfance. On se verrait bien assise sous un arbre accueillant, ou sur un gros rocher que la main effleurerait, le regard portant loin sur un horizon fluctuant, et les pensées alors qui traverseraient l'esprit, les histoires qui se raconteraient, les images un peu naïves qui défileraient, les trésors ainsi mis à jour, de petits papillons de lumière imprimés.
2/ Dans des coins d'ombres et de silence, dans les marges et derrière les arbres, cela se murmure encore au sein d'étoiles phrases qui se tissent. C'est le lieu du rêve. Où l'on plonge comme dans un bain de fleurs sauvages. On y croise des enfants qui s'émerveillent d'un rien et qui ont un grand sérieux lorsqu'ils conversent avec une coccinelle, un escargot, une peluche dont ils ne peuvent se séparer.
3/ Le meurtre d'âme est invisible. Se dire qu'il y a de grandes chances que l'on passe sa journée avec cette phrase soulignée hier soir dans un livre, recherchée ce matin, sans davantage savoir quoi en faire, mais l'écrire à nouveau fige sa force et permet à l'esprit de poursuivre sa réflexion. On sent bien qu'il y a des choses qui bougent en soi et que l'on n'est pas d'un bloc.
4/ J'ai changé la photo qui s'affiche en fond d'écran sur l'ordinateur. Il y a un œil de lichen énorme qui me dévisage. Et forcément les vers de Victor Hugo remontent en mémoire: L'œil était dans la tombe et regardait Caïn. On n'échappe pas aux images et aux mots qui nous retrouvent. Le signe reste visible et suscite d'autres visions et d'autres mots. Il se tient sur le chemin des sources.
5/ Il y a tant de portes au seuil desquelles on se tient, indécis, incertain que c'est bien celle-là qu'il faudrait pousser. Des lueurs filtrent dans les interstices du bois. De l'eau, du feu, de la nuit. Laquelle serait la bonne? . Face à chaque porte, un fragment de réponse se serait écrit, nourri par la chair du doute. De jour en jour, la question poursuit son errance.
6/ Comme on abandonne du blanc sur la page du poème, peut-on nommer blancs les instants de rien au long d'une journée — même si dans le poème ces espaces peuvent être des instants de plein — et faire l'inventaire des instants denses où l'esprit a rempli son travail et où il gagne un peu de terrain dans la connaissance de soi et des autres, sans parler de l'univers qui contient le tout.
7 /Lire quelque part intensité d'être et se dire que c'est la quête d'une vie entière, au travers du quotidien et de ses aléas qui grignotent l'essentiel du temps. La poésie dans cet aller-retour entre dehors et dedans en est un des ajours. Négliger les éclats de voix ici et ailleurs ou les bruits de vaisselle que l'on brise en grand tapage. On rejoint soi là face à un bruissement d'herbes.
1 commentaire:
On peut faire de ces instants de rien, des instants denses, c'est tout un apprentissage, une persévérance, une concentration, une présence constante à ce que l'on fait, vit. Il n'y a pas d'instants de rien, c'est nous qui sommes absentes à ces instants-là
Tes textes me font approfondir ce que je vis et ils sont tellement beaux.
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