J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 28 janvier 2025

Ricochets/ Année 2/ Semaine 4

 


1/ Contrainte de l'instant. Celui qui passe sans le savoir de ce passage, et celui de l'intensité où se sent l'exactitude de ce qui est, sa puissance et les ailes soudaines avec le transport que cela procure. Et ce n'est pas une affaire de pouvoir, de puissance, non, c'est juste une sensation d'être, la prise de conscience de cette pépite de vie qui scintille. Et l'énergie coule alors dans les veines.

2/ Avec des mots en main, aller sur sa propre route. Une musique rejoint parfois et rythme le pas ou la main. Il semble que l'envie de racler les recoins de la mémoire s'estompe et que c'est l'avant qui importe désormais, le peu d'avant qu'il reste à parcourir, ce présent qui s'offre à chaque minute. Éveiller la main de lueurs naissantes et de mon regard de myope en suivre leurs traces..

3/ Par le hasard de l'allègement de la boite mail de l'année précédente, retrouver des écrits d'une personne qui n'est plus de ce monde désormais; conserver ces messages en se réfugiant dans le clair-obscur des souvenirs d'une présence qui hante aussi les rêves. On continue d'avancer avec les ombres qui nous accompagnent et qui, de temps à autre, sans qu'on le décide, peut-être avec malice ou complicité, nous envoient quelques signaux.

4/ On est toujours en train d'attendre. On ne sait pas quoi mais on est sur le qui-vive en permanence. Et on avance à petits pas, même à pas de fourmis comme l'on disait lorsque l'on jouait à grand-mère veux-tu. On attend, on espère une avancée plus grande, et parfois même écrire c'est comme avoir avancé et dormir aussi, et devant il y aurait une porte ouverte, un seuil à franchir.

5/ Le souffle court, sans doute. L'âge mais aussi la nécessité de se centrer, d'aller à l'essentiel, dans la vie, dans les relations sociales, dans la lecture, dans l'écriture, dans ce rapport à soi où l'on est toujours en recherche. On amenuise ce qui cerne et étreint; question de survie pour vivre pleinement ce qui devant nous est ouvert et nous cueille. En évitant le liseron tendu au ras du sol.

6/ Comme une envie de printemps: ouvrir les fenêtres en grand. L'air neuf circule dans la maison et devant soi. Un air sans nom. Les pensées seront-elles autres ? Ce qui se tient en retrait sera-t-il porté par l'air qui sinue entre les murs et les meubles ? Pourrait-on être soudain à découvert ? Et alors éparpillé ou rassemblé, peut-être se sentir recentré par les volutes d'air qui balaient tout autour...

7/ Sans idée préconçue, la main ouvre un tiroir du bureau, s'empare d'un carnet de notes au hasard ( le numéro 5 dans la série qui court jusqu'à 15), qui commence le journal de bord d'un voyage à Venise: cela fera dix ans en avril... Les déambulations dans les calli dont j'ai pris la peine d'écrire les noms. Dès les premières lignes je marche avec moi vers la calle del paradiso.

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