1/ Porter de l'attention à l'enfant. Celui qui continue de respirer à travers mes poumons. Celui qu'on reconnait à peine sur les photos. Celui qui avait plein de rêves et croyait que tous allaient se réaliser. Celui qui a choisi d'oublier. Celui qui emplissait ses poches de pierres pour la beauté de leur étrangeté. Celui qui croyait au ciel rien que pour le déplacement d'air. Donner la parole à l'enfant ventriloque.
2/ Ce qui fait tenailles tout autour de nous. De la courbe du matin à l'angle de la nuit, et les montagnes russes du jour, se sentir broyé par le désordre des mots qui se vocifèrent et qui écrasent l'humanité. Où murmurer des mots de poésie dans ce charnier sans nom. Ces coulées de lave nous submergent. Alors rien d'autre que le silence, des ciels d'oiseaux, et l'obstination de l'écriture, malgré.
3/ Quand on se met à penser avec la lame d'un couteau, se détachent des morceaux de chair, ceux qui tentaient encore de calfeutrer les faiblesses de l'esprit. Une porte s'ouvre dont on n'a pas idée de ce qui va surgir derrière. Se saisir des éclairs, des images, des fragments qui se donnent à être, juste pour quelques secondes. Faire face à une possible déconstruction de ce que l'on croit être.
4/ L'absence de floraison cette année de l'hellébore m'interroge, mais j'ai souvent des questions sans réponses. Alors poser les yeux sur le cognassier du Japon ( enfin penser que c'est ainsi qu'il se nomme), sur la floraison débutante de ses fleurs rougeoyantes. Il est l'ange aux ailes rouges qui se veut annonciateur de l'arrivée du printemps. À peine ouverts, les bourgeons sont comme de petits atomes de promesses, étincelles de sang.
5/ Comme des talismans glissés entre deux pages, ces petits papiers patientent entre les mots de livres, espérant une main curieuse qui les mettrait au jour et une lecture complice pourrait donc avoir lieu. Espoirs de messages à soi adressés par une main disparue désormais mais qui murmure ainsi encore quelque parole de promesse. Lorsqu'on referme le livre, on les remet avec précaution, entre les deux même pages, pour le prochain.
6/ Ces lignes déposées et absorbées par la page blanche du logiciel où j'écris, comme par un buvard sur mes carnets où c'est au stylo encre que cela se met en forme. On abandonne ainsi une sorte de cendre aux odeurs de la nuit dont on est à peine sorti. Nulle relecture des petits tas amoncelés des jours d'avant, et nul souvenir non plus, car l'esprit s'est juste délesté là .
7/ Quelque chose à fleur de peau est toujours à rôder entre les lignes que l'on lit, réveillant ce qui gisait en eau dormante, prêt à jaillir sur les bords de l'incertain. De la lumière en germe. Et ce que l'on ne savait plus vivre encore, ce caduc bien scellé, cette ombre calfeutrée dans le champ des oublis, renaît en un quart de seconde, agitant les ailes écorchées de la mémoire.
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