1/ Évoluer entre les songes ou les vidéos regardées ou les lignes lues ici ou là et avoir de la difficulté à distinguer les contours du réel. Sensation de vivre dans un autre univers, d’arpenter une géographie autre, en laissant se dilater les parois qui nous cernent. Comme une étrange expérience de mutation intérieure où ne résonnent que des instants choisis, une géographie personnelle, laissant éprouver d’autres sensations rêvées ou inventées.
2/ Peut-être en état de suspension avec le sentiment de flotter entre les moments de vie. Comprendre que l’on circule dans la marge des jours avec l’envie d’y rester. Souvent dans les mois de novembre, je ressentais une sorte d’enfermement, de dérive vers la dépression, c’était ainsi, je le savais, je patientais, et là, peut-être grâce aux belles journées lumineuses, j’ai la sensation de marcher à côté de moi, sans difficulté.
3/ De quel enfantement est-on encore capable, alors que les ans ne cessent de s’accumuler et que la faculté de l’esprit à se régénérer a une tendance certaine à ralentir... On écrit pour recommencer quelque chose, tricoter avec les mots un vêtement nouveau, comme une robe de baptême immaculée où une histoire encore inédite pourrait s’écrire. Être encore et avant tout sur le seuil d’un possible dont on ne sait rien.
4/ À force d’avoir installé des habitudes, presque un emploi du temps, dans le déroulement d’une journée, on est perturbé lorsque l’ordre n’est pas respecté, et qu’il faut tenter de rattraper le temps qui a poursuivi son chemin sans rien demander à personne. Le café n’est pas bu au bon moment et l’écriture ne sait plus où elle en est. De l’importance des rituels et du respect d’un rythme cohérent .
5/ L’observation de ce qui va, de ce qui aide à avancer semble primordiale en ces jours où tout est fait pour nous plonger dans une tristesse sans nom. Et que ce qui se pense, s’écrit ou ce qui s’écrit et est donc pensé reprenne les couleurs de la vie. Dans les éparpillements de soi, tenter de retrouver le fil bleu pour mieux ressentir ce qui en soi est plus fort.
6/ Il y a une sorte de liberté que prennent les mots qui s’écrivent sur la page. Ils décident du chemin à emprunter, et édifient même une barricade entre l’intime de ce qu’on est et ce qui finit par se graver sur le papier. Comme si l’envie de brouiller les pistes était la plus forte. Ou si écrire voulait se dire comme à reculons : des combinaisons de mots en liberté.
7/ En assistant à un concert d’une chorale ukrainienne, on se laisse porter par une langue inconnue et on va chercher quelque chose qui nous grandit de l’intérieur. On se sent enveloppé de sons qui aident à vivre le présent. Même si le mental s’échappe par moments, on est ensemencé du pouvoir du chant, de la musique, et de l’union des voix qui s’épaulent. Un sentiment grandit en soi de sérénité.

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