Elle avance à l’orée des morts.
Dans le silence des jours où
l’étrange submerge. Un rien la remue. Le dos d’une statue, les
plis d’un vêtement. Par-delà l’immensité d’un temps dont on
ne sait plus rien, elle pose son regard sur cette silhouette, là,
sans bouger.
Tous les jours le dos de cette statue
s’offre à la convoitise d’en savoir davantage, une attente se
crée, un songe, une ombre.
Il n’y a que ce dos, cette nuque, ce
bras, cette chevelure, et tout le reste elle cherche à l’extirper
du néant.
Lèvres d’aube déliées des
alvéoles du temps. Quels visages faudra- t-il libérer ? Souffle
coupé elle sait qui gît là oublié. L’ébauche d’une
fillette, encore un bébé, qui n’aura pas eu le temps de jouer
avec des cubes ou de rire aux éclats.
Entrevoir les lueurs d’un visage,
des pensées d’innocence et derrière les silences, l’énigme
d’une vie, des joies, des peines, des manques. Un détail, un
éclat, une brisure.
Une présence évanouie.
1 commentaire:
A celui qui sait entendre le silence,
les cimetières disent des fragments de vie.
Un très beau texte, merci.
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