au seuil d’un songe avant d’être au seuil d’une ville – derrière soi des trains repartent et je reste – je reste prête à être ensorcelée – de minces fuseaux de soleil percent les barrières – toutes ces raies obliques découpent les eaux – d’indécises pensées se faufilent sur la soie chamarrée de l’eau – des morceaux d’elle pourraient flotter là – se laisser happer par un labyrinthe d'eau – l’égarement d’un quotidien sous papier calque – cueillir les clapotis d’un rire – à la recherche d’un nord le regard divague sur la verrière limpide – l'ostinato des cloches face à la force des silences – un plain-chant du vague, du diffus, de l'éphémère – l’écho brouillé des silences sous les soupirs – le battement d’ailes d’une mouette là sous l’ogive d’une fenêtre – éclats des clapotis d’eau – les contours flous de ce qui veut se dire – un brin d’herbe dans une fissure du pavé – une glycine qui ruisselle sur un parapet – une mélodie sur un piano qui s’échappe d’une fenêtre – l’œil rejoint la façade pour trouver la source – le ciel ébréché de tout petits nuages – abandonner le parvis de la gare – flux de la foule à traverser – s’engouffrer dans une ruelle déserte – un chat de jais glisse le long d’un mur – se laisser prendre dans les filets d’ocre – les écaillures de brique où s’accroche la lumière – bistre sépia ocre safran saumon lie de vin gris – dans les arcanes du pas l'ocre poésie des ruelles – les plaies de crépi qui suintent sur les murs – se tenir devant ces craquelures comme devant un tableau – voir sans chercher à voir – formes informes – taches crispées – gouttes boursouflées – écailles de tortues – creux bosses – traits lignes arabesques – silhouettes enlacées – épluchures de crépi – caresser d’une main lascive ces appâts pour la lumière – les doigts de prudence sur la rugosité du mur – des blocs d’ambre sur le biais d’une façade – les portes bien closes – point d’échappée dans les cours intérieures – le bois des volets craquelés et vieillis – les nervures olive qui se creusent – des rais de lumière coagulés – les regards si brefs des passants croisés à saisir au vol – j’erre seule en quête de l’ocre voie – le regard délavé et paisible – entre les traits d’ombre et les voix de lumière le souffle de l’émotion – peut-être le temps des métamorphoses – ou le temps de rasseoir ma pensée – laisser s’enfuir les faux reflets dans son dos – s’enfoncer dans le labyrinthe – presque prête à perdre pied – paume ouverte pour le sable des mots porté par le vent – au seuil d’un après –
(Texte pour l'atelier Tiers-Livre "Prendre " proposition 8: au bout du monde, mais avec son microscope)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire