J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 23 décembre 2008

Hiver


Après-midi d'hiver immobile. Un dimanche gris et blanc. Pelotonnée dans un fauteuil près de la fenêtre un livre entre les mains: ce pourrait être Julien Gracq, Pierre Bergounioux ou des poèmes d'André Du Bouchet. Un peu de musique suinte du lecteur CD: c'est Buddy Guy dont la voix heurtée murmure le songe de qui s'éloigne et puis revient sur ses pas effleurer la beauté du monde. Un peu de bleu dans le paysage.


Dehors, c'est le jardin blanc des rêves qui se lovent. De plain-pied, derrière les voilages, j'épie les branches qui frémissent sous l'arrivée des merles picorant les baies rouges de l'arbuste qui calfeutre l'entrée du jardin. J'observe sans bouger les allées et venues d'oiseaux affamés mais qui n'en surveillent pas moins tout mouvement alentour. Immobile, un peu vide, on est content pour les oiseaux. L'oeil est dehors ,sans le froid, un peu figé. Les ombres ont cessé dans cette lumière grise et fade qui pleure sur le jardin. Le crépuscule s'étalera tôt sur la pâleur des sols. On allumera la lampe.

Mon regard effleurera son visage dans le cadre posé sur l'étagère; je répondrai à son sourire en serrant le poing dans la poche: je ne m'habitue pas à son absence. Je sais que là où elle est, il fait encore plus froid ,même si elle tutoie l'éternité.


Il y a comme un flottement de rien, les oiseaux s'envolent d'un coup sec – un promeneur égaré peut-être - le lampadaire éclaire lentement le jardin d'hiver qui cache ses difformités sous l'enveloppe blanche. Soudain la sonnerie d'un téléphone retentit: on bouge les yeux, on n'est pas perdu, on revient à la vie en entendant une voix chaude murmurer son prénom.



Aucun commentaire: