J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 29 décembre 2009

Marcher




  1. Ainsi la marche nous rappelle sans cesse notre finitude: corps lourd de besoins frustres, cloué au sol définitif. Marcher ce n'est pas s'élever, ce n'est pas tromper la pesanteur, ce n'est pas s'illusionner, par la vitesse ou l'élévation, sur sa condition mortelle, mais plutôt l'effectuer par cette exposition à la solidité du sol, à la fragilité du corps, à ce mouvement lent d'enfoncement. Marcher, c'est exactement se résigner à être ce corps qui marche, incliné. Mais l'étonnant est que cette résignation lente, cette immense lassitude nous donnent la joie d'être. De n'être que cela certes, mais absolument accordé. Notre corps de plomb à chaque pas retombe sur la terre, comme pour y reprendre racine. La marche est une invitation à mourir debout.

Frédéric Gros "Marcher une philosophie" (juillet 2009)

1 commentaire:

Estourelle a dit…

It's true !!!
O combien
et tant que l'on marche on vit!!