Une gelée blanche, mais pourrait-elle autrement, donne au jardin un aspect cassant. La lumière est distante. Seuls les merles. Je sais désormais que pour voir les mésanges, il faut changer de fenêtre et s'installer face à l'autre versant, là où la plaine commence. Poser son regard différemment car il est attiré par des choses multiples qui ne sont pas de ce côté-ci, traverser le rideau de bouleaux, aller au-delà du maillage de branches, enjamber les toits des maisons du bas de la colline, découper la voie ferrée, traverser les fumées et se sentir aimanté par le flot continu de lumières rouges ou jaunes selon le flux de migration qui déroule ses rubans. Faire marche arrière et revenir au bouleau qui tapisse toute la surface de la fenêtre pourtant plus grande. L'attente est brève. Ce sont trois ou quatre mésanges qui se faufilent entre les branches nues et viennent picorer les boules de graisse mises à leur attention. Immobile derrière la vitre, je ne suis que reflet , je regarde l'instant qui se construit , il me semble être dans une sorte d'accord perdu entre ciel et terre.
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