J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

jeudi 16 juin 2011

Burano

Ils sont à Burano, petite île sur la lagune de Venise, avec quelques comparses. Ils tentent de dire un peu, d'une palette fraîche, ce que leurs yeux dévoilent sur ces façades denses. Je ne sais pas peindre et j'envie cet arrêt sur image, plus long que le temps d'une photo, où s'ancrent des visions sur leurs pupilles avides. Moi, c'est la façade bleue qui attire mon regard: j'ai l'oeil sélectif et trop chargé d'azur.


Mais soudain prenant le temps derrière les peintres de ce jour, j'abandonne le céruléen et affine ma vue. C'est la maison verte qui est fixée. C'est elle qui attise les pinceaux. Je n'aurais su la voir si ces peintres en vadrouille ne l'avaient découverte. M'enfonçant dans la touffeur verdoyante, je distingue enfin ce laurier rose dans l'encoignure du mur que les griffures du temps enjolivent et émeuvent. Tous ces verts qui s'offrent, s'appellent, se répondent et donnent au laurier l'écrin de son mérite.
Le peintre traverse l'apparence et rejoint l'effervescence douce d'une lumière qui soudain se dévoile. Dans l'harmonie des verts révélés, un intime s'ébauche, l'insolite s'esquisse.


Ce texte a été écrit pour la consigne hebdomadaire de Kaléidoplumes.

1 commentaire:

Marie, Pierre a dit…

se dépouiller de toutes ses envies, de tous ses artifices pour aller vers l'artifice suprême, le désir unique et révélé : le vert, le verre, le vers