J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 14 juin 2011

Le masque

J'écris toujours avec un masque sur le visage;
Oui, un masque à l'ancienne mode de Venise,
Long, au front déprimé,
Pareil à un grand mufle de satin blanc,
Assis à ma table et relevant la tête,
Je me contemple dans le miroir, en face
Et tourné de trois-quarts, je m'y vois
Ce profil enfantin et bestial que j'aime.
Oh, qu'un lecteur, mon frère, à qui je parle
A travers ce masque pâle et brillant,
Y vienne déposer un baiser lourd et lent
Sur ce front déprimé et cette joue si pâle,
Afin d'appuyer plus fortement  sur ma figure
Cette autre figure creuse et parfumée. 


Valery Larbaud

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