J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 8 mars 2013

Coup de tête


                                                                Note
C’est pas important de savoir d’où c’est venu ni quelle silhouette j’ai vue, sur quel bitume, et à quelle date, quel âge, et quelle ombre fouettait quelle autre, et dans quel sens, pourquoi. J’étais étudiant et puis je l’étais plus. J’ai écrit ça le long. Le long de moi-même et le long de tous les autres petits trucs que j’ai aussi écrits. Un premier roman, je tiens fort à la formule, qui aurait pu s’appeler, lui aussi, Fuir est une pulsion.

  D’abord un corps, l’adolescence sur la peau. Ça non plus, c’est pas très important. L’important, c’est la représentation mentale d’un membre manquant, ayant un jour appartenu à quelqu’un, mais aujourd’hui fourré au fond d’une benne sanitaire d’un hosto tout au nord ou tout au sud de la ville, n’importe quelle ville. Un membre manquant mais toujours là quand même, en sous-sol de soi-même, en surbrillance nerveuse, palpitant fort en permanence. On parle souvent du fameux « membre fantôme » mais qu’est-ce que ça dit de nous tous, au juste, que ces douleurs de désafférentation ? D’où elle sort la poésie qu’on lit sur les boites et notices d’antalgiques ? Est-ce que c’est vrai qu’on peut être, simultanément, en surimpression, deux personnes différentes ? Je crois qu’en fait, j’ai écrit Coup de tête comme j’aurais aimé un jour pouvoir le lire : les yeux fermés et plusieurs fois. Par cœur. Dans des mondes parallèles différents.

  J’ai pas compté le nombre de fois où le narrateur dit : « ma main droite », la manquante. Je suis rentré par là, dans sa gorge, pour comprendre quelle voix l’animait et comment elle disait les choses et quel était son timbre. Et parce que c’était un récit adolescent, il fallait que ce soit oral. Qu’on l’entende, aussi, de cette façon là, cette histoire.

  Quand on me demande, comme ça, ce que j’écris, voilà ce que je réponds le plus souvent : c’est l’histoire d’un mec qui a perdu sa main et qui veut la retrouver. J’ai rien à dire de plus. On me répond pas non plus.

Guillaume Vissac "Coup de tête" (Publie.net mars 2013)

Pour moi c'est un coup de cœur, vous l'aurez compris, que de découvrir enfin ce roman de Guillaume aux éditions Publie.net ; il sortira très bientôt  aussi en version papier chez Publie.papier

Il y a un excellent article concernant ce roman sur le blog de Publie.net écrit par Christine Jeanney.

Je rappelle ses autres livres toujours chez Publie.net:




3 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Il y aura donc un "Publie-papier" prochainement, tu devines ce à quoi je pense ...
Pour moi aussi un coup de coeur cette histoire de membre manquant et de surimpression de 2 personnes comme un ancêtre qui te meut ou un livre que tu lis les yeux ouverts
Préviens ns à la sortie de la version papier, je veux en lire plus

Estourelle a dit…

Je me rajoute au fan club !

Laura- Solange a dit…

Plus il y a de monde au fan club, plus grand est le bonheur!!!!