J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 11 août 2014

Chutes IV


Le bruit étouffé du ventilateur au plafond accompagne le regard qui,une fois encore, tente de saisir l'insaisissable instant: la fenêtre et sa grille peinte en vert, le verre dépoli de sa moitié inférieure, la manche d'une chemise orange et celle d'une autre blanche dans l'armoire ouverte et la respiration calme du corps endormi. Il ne fallait rien faire, mais être là, intensément pour tout réunir en une seule vision et la conserver toujours, puisque, d'une certaine façon, par l'intensité du regard elle échappait au temps. Et l'intensité d'un poème ne vient-elle pas de la même saisie ? Chaque élément, apparemment fortuit, y trouve sa nécessité dans sa co-présence à tous les autres, naissant d'une sorte de buée d'un temps suspendu qui est ce qu'on appelle le présent.

Jacques Ancet "Chutes IV"( alidades création 2012)