J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 25 août 2014

Criant famine



Nous cherchons quoi
criant famine
avec l'obstination des simples
la détresse des égarés
quand les étals les vitrines les cafés
dansent sous nos yeux
et que la ville trépigne

Quand tant de mains
tant de corps habiles
et déliés
se penchent pour saisir

Que cherche-t-on
qu'on n'ose plus nommer
de peur de se mentir
ou d'agiter les dépouilles
d'un simulacre

C'est tout au fond 
que la chose s'abrite
lointaine solitaire

Son cœur
certains disent qu'il bat encore
et même ils croient l'entendre
derrière les bannières déchirées
et les parures

Dans ces contrées secrètes
on traverse de grandes chambres
tristes
aux récits exemplaires
on lève la poussière des vieux livres
et des visages qui pendent aux murs

On dit:
le temps se creuse
la mémoire s'évide
mon passé m'est étranger
Sur la peau de la rivière
Ophélie toujours
dérive

Mais on persiste
On cherche encore
comme on traverse une foule
attentif aux visages fermés
aux regards furtifs
qu'on piège et dérobe

( n'est-ce pas ainsi
qu'on écrit
pour sauver de l'oubli
le vif-argent de ses larcins)

Et donc on cherche encore
espérant que la chose se lève
de l'obscur
et qu'elle éclaire toute la scène

Je suis la joie
dirait-elle
la joie promise
toujours trahie
et toujours neuve

Jean-Marie Barnaud "Le don furtif" (Cheyne Editeur 2014)
Photo prise aux" Lectures sous l'arbre" après la lecture de Jean-MarieBarnaud

2 commentaires:

Patrick Lucas a dit…

même au plus profond
de ses famines
elle est solitaire
la chose

senegal a dit…

content de vous lire .

merci pour ce partage et bon travail .