J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 28 novembre 2014

Marcher dans Londres en suivant le plan du Caire




Ferme les yeux. 
Elle cherche ses délimitations ailleurs, on la voit qui vibre, qui palpite. Elle est faite de piétinements. D’allers et de retours. De constellations qui s’éloignent les unes des autres et se resserrent. Qui bougent. Elle hésite, se déplace, touche à tout. Elle est au bord de la lumière et au bord de l’obscurité.

 Dire de cette ville qu’elle se déplace, c’est bien le minimum pour la décrire. Elle fait des uns des voyageurs, des autres des naufragés. C’est une ville-radeaux.Monsieur Bric et monsieur Broc sont dans un de ces radeaux. Monsieur Broc tombe à l’eau. Les embarcations sont sommaires, faites de matériaux récupérés. Bâches, plastiques, tapis, moquette, pneus, briques et parpaings, palettes, plaques, tôles, plexiglas, agglomérés, cordes et tendeurs, ficelles. Les embarcations sont sommaires. Le sol est mouvant. Si l’eau monte, flotterons-nous ?

C’est une ville que l’eau a envahie, on ne sait plus quand, on visite.

Elle est montée dans les rues, les maisons, on peut marcher dessus. On ne sait pas bien si on marche sur l’eau ou sur le sol, noyé, juste en dessous. Tout est lisse. Donne soif.
Cordes qui mollissent puis se tendent. Radeaux que les courants et les remous séparent et rapprochent. Aires qui se déplacent. Cela donne une bonne idée de cette ville.

Virginie Gautier "Marcher dans Londres en suivant le plan du Caire"
(éditions Publie.net )

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