Aux aguets du
matin, dans le silence de ce jardin d'été où les mots s'essaient
au froissement de leurs ailes, j'écoute l'envol des voix d' oiseaux
et me laisse porter par l'énergie du chant du pinson enchaînant sa
mélodie sans lassitude. Il chante, j'écris. Le feuillage du tremble
soutient l'interprétation à mezzo voce, tandis que , en un coup de
gong assourdi tombent une prune, puis une autre. Près de la peau ,
c'est une mouche qui tente une cavatine et, plus loin dans le pré
qui surplombe le jardin, c'est le pas lourd d'une vache où résonnent
toutes les lourdeurs d'un monde où je ne sais que faire. Au loin,
plus loin encore, c'est le bruit d'un moteur qui tente de s'immiscer
dans la symphonie du jour, puis l'aboiement poussif du chien de la
ferme, suivi d'une sorte de silence où s'entendrait presque le
crissement du feutre sur la feuille tentant d'épouser une pensée
vagabondant dans un passé présent .
Je ramasse ces
bruits, alors même que les cloches de l'église insistent pour
donner le temps du moment puis le redonner une seconde fois afin de
bien ancrer la fuite du temps. Là, dans ce matin déjà passé, je
ne suis que dans cette attention à l'inutile, où les bruissements
d'une litanie de bruits disent juste les battements du cœur.
Texte écrit pour la consigne d'été de Kaléidoplumes
Texte écrit pour la consigne d'été de Kaléidoplumes
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