J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 4 août 2015

Ecoute

Aux aguets du matin, dans le silence de ce jardin d'été où les mots s'essaient au froissement de leurs ailes, j'écoute l'envol des voix d' oiseaux et me laisse porter par l'énergie du chant du pinson enchaînant sa mélodie sans lassitude. Il chante, j'écris. Le feuillage du tremble soutient l'interprétation à mezzo voce, tandis que , en un coup de gong assourdi tombent une prune, puis une autre. Près de la peau , c'est une mouche qui tente une cavatine et, plus loin dans le pré qui surplombe le jardin, c'est le pas lourd d'une vache où résonnent toutes les lourdeurs d'un monde où je ne sais que faire. Au loin, plus loin encore, c'est le bruit d'un moteur qui tente de s'immiscer dans la symphonie du jour, puis l'aboiement poussif du chien de la ferme, suivi d'une sorte de silence où s'entendrait presque le crissement du feutre sur la feuille tentant d'épouser une pensée vagabondant dans un passé présent .
Je ramasse ces bruits, alors même que les cloches de l'église insistent pour donner le temps du moment puis le redonner une seconde fois afin de bien ancrer la fuite du temps. Là, dans ce matin déjà passé, je ne suis que dans cette attention à l'inutile, où les bruissements d'une litanie de bruits disent juste les battements du cœur.

 Texte écrit pour la consigne d'été de Kaléidoplumes

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