J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

jeudi 4 août 2016

Enfance 1

Les chaises basses de paille tressée tirées sur le chemin quand le ciel, bleu du jour d'été, entre en poésie et jette l'ancre de la nuit. Aux pieds, les grains de sable des jeux de tamis - faire du sable doux - crissent encore de l'étincelle d'enfance qui a cherché à trier la douceur des soucis quotidiens. 

Les yeux levés vers un ciel où - petits baisers furtifs - jaillissent des lueurs qui donnent au silence de la sérénité. Le cliquetis des fuseaux bavards des dentellières d'antan pourrait alors bercer les oreilles si le temps et l'espace avaient un peu de fantaisie. Sans hâte se cherchent les premières écritures où déchiffrer les histoires de toujours: toi Grande Ourse, chariot des songes, et toi la Petite , plus timide peut-être, mais guidant vers l'étoile polaire, et vous toutes étoiles inconnues frêles esquifs des anges!

La nuit tourne les pages du grand livre des constellations, nulle part ailleurs ne pourrait être mieux, puisque là se lit la mesure du monde, lorsque le regard accroché à l'arche blanche de la Voie lactée, espère l'étoile filante qui, l'air de rien, exaucerait le vœu secret qui brûle un peu les lèvres.

Le chien, qui avait pris la maison en amour, fixait de son regard dépareillé les têtes renversées puis étalait sa pelisse blanche en sphinx lumineux, rêvant à ce gros ballon jaune qui roulait au-dessus de lui. 


 Texte écrit pour la consigne 5 de l'atelier Tiers-Livre "la route rouge de Rimbaud":on peut retrouver la consigne et les textes des participants ici







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