Venise \
« J’y
suis, pour de vrai », pensait Eugen. Difficile de savoir comment il
était sorti du commissariat, depuis combien de nuits il n’avait pas
dormi, depuis combien de jours il n’avait pas mangé. Pour arriver,
vraiment, il lui restait — on parle toujours à vol d’oiseau — 6 846 km.
Mais, quand il descendit à Santa Lucia, ces questions lui parurent
décidément secondaires. Sans perdre de temps, il suivit le flux de la
foule, traversa des ponts, s’égara dans des calli pour
essayer de tout voir, s’arrêta à bout de souffle sur le Canal Grande,
les yeux écarquillés au passage d’une gondole — cela existait donc, ces
drôles de bateaux et cette ville qui a des fleuves à la place des
routes, et ces palais aux fenêtres étroites, il y était pour de vrai.
Quand il me racontait son arrivée à Venise, j’étais assez perplexe. Cela
m’a toujours semblé un peu trop littéraire. « Avec la police
internationale qui te traquait, tu faisais le touriste à Venise ? » « Ça
m’a donné une sensation de bien-être. »
Marcello Vitali-Rosati Navigations Editions Publie.net
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